Les Forces Musicales, le syndicat professionnel des opéras et des orchestres, a suivi avec beaucoup d’attention le lancement du programme Action Publique 2022 et notamment la mise en place, le 13 octobre dernier, du Comité en charge d’élaborer des propositions de réformes de l’État.

Dès le 26 septembre, le Premier ministre demandait à chaque ministre de réfléchir au « périmètre souhaitable des politiques publiques » dont il a la charge, « le niveau de portage le plus pertinent », « le transfert aux collectivités ou au secteur privé, voire l’abandon de mission », les « économies durables et structurelles » possibles (avec un objectif de réduction des dépenses de l’ordre de 3% du PIB à l’horizon 2022).

Les orientations du ministère de la Culture publiées dans la presse soulèvent questions et inquiétudes pour nos adhérents, forces vives territoriales qui ont dans leur ADN à la fois le maintien de l’équité républicaine et le service public de la culture.

Le document qui circule rappelle, certes, les deux objectifs essentiels de la politique publique de soutien à la création artistique : « soutenir la diversité de la création artistique en aidant les artistes à tous les stades de leur développement » et « garantir un maillage de l’offre culturelle de l’ensemble des disciplines sur le territoire national permettant de développer la diffusion et l’accès de tous à la culture ».

Mais nous sommes très déçus de constater que sa mise en place passe principalement par une course aux chiffres, la suppression de nombreux emplois, la remise en question des conventions collectives et labellisations qui sont au cœur de notre activité quotidienne…

Quant à la réduction des marges artistiques qui est pointée et dont nous faisons effectivement le constat depuis des années, nous ne percevons pas en quoi les solutions proposées vont améliorer la situation.

Si les objectifs d’amélioration de la diffusion nous semblent légitimes, nous nous interrogeons sur la volonté de « déroger au cahier des charges de niveau réglementaire » pour « mieux adapter l’offre de spectacle aux attentes du publics et des collectivités ». Est-ce à dire que nous renonçons à surprendre le public par des propositions auxquelles il ne s’attend pas forcément et que nous ne faisons que répondre à une demande ?

Les Forces Musicales défendent des valeurs et des usages collectifs, au premier rang desquels figure la permanence de l’emploi et de l’activité, le fort lien aux collectivités territoriales, l’attachement aux politiques publiques et la volonté d’agir en opérateur du service public de la culture.

A ce titre nous regrettons que, dans une volonté gouvernementale d’agir au plus vite (pour ne pas dire avec précipitation), les partenaires et acteurs de terrain, et surtout les collectivités territoriales, n’aient pas encore été consultés afin de réfléchir ensemble à ces orientations. Nous sommes prêts à contribuer à la réflexion sur la politique culturelle pourvu qu’un climat de confiance s’établisse.

Paris, le 17 novembre 2017

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